Textos em francês com áudio

24 de abril de 2019
Por  Alexandrine

Ler textos em francês com áudio, ou acompanhados por eles, é muito produtivo. Em outras palavras, permite aos alunos ouvirem um falante nativo no decorrer da leitura. Pensando nisso, nós separamos exclusivamente para os leitores do blog do Curso de Francês Online (CFOL) alguns áudios da nossa base de exercícios de francês. Portanto, todos os textos e áudios fazem parte de apostilas do nosso acervo pedagógico e foram separados nesse artigo por nível de língua francesa. Se você quiser praticar sua leitura lendo outros textos na língua francesa, veja também o artigo do O Melhor de Paris sobre livros para aprender francês.

 

Boas práticas ao ler um texto em francês

 

Para ajudá-los, nós elaboramos uma check-list de bons hábitos na hora de ler um texto. Seguindo ela você aproveita ao máximo esse exercício, praticando a compreensão oral, escrita e expressão oral.

  • Leia o texto uma vez sem o apoio do áudio
  • Se possível, sublinhe as palavras desconhecidas
  • Ouça o texto com o áudio
  • Procure as palavras sublinhadas no dicionário (se possível um dicionário francês – francês)
  • Grave você lendo o texto
  • Compare com a gravação

Para melhor organizar seus estudos de francês, veja também nosso artigo sobre como aprender francês rápido e saiba todas as dicas para ficar fluente na língua francesa!

A1 – Básico 1

Bruxelles, le 3 octobre 2011

Chère Sylvie, Nous sommes enfin en Belgique ! C’est un beau pays. La ville est agréable et les gens sont accueillants. Le poste est vraiment très intéressant. Comme nous sommes dans le même service au Parlement européen, je déjeune avec Marc tous les jours. Je me promène beaucoup pour visiter la ville parce que je ne suis pas au bureau l’après-midi. Par contre, Marc arrête de travailler assez tard. En général, il rentre entre 19 et 20 heures. Le samedi ou le dimanche, nous allons souvent au restaurant (ils sont vraiment excellents), au théâtre ou au musée. Le soir, pendant la semaine, nous restons plutôt à la maison car nous nous levons très tôt le matin ! Ici, on commence à travailler à 8 heures ! Marc n’aime pas trop Bruxelles, il préfère Genève, mais moi j’adore ! Nous rentrons à Bordeaux au mois de décembre. A très bientôt et un grand bonjour aux collègues ! Cordialement

Quer saber mais sobre as competências do nível A1 CECR – Básico 1? Confira esse artigo.

A2 – básico 2

Quelle école pour demain ?

Notre journal a réuni des parents d’élèves et des professeurs pour parler de
l’avenir de l’école. Extraits.

LE QUOTIDIEN- On dit que l’école va mal. Certains élèves ne travaillent pas et ne respectent pas les professeurs. Il y a eu des incidents graves dans quelques collèges.

UN PARENT – Le problème est qu’on a mélangé tous les élèves. Dans la classe de 5e de ma fille, il y a des enfants qui ne savent pas lire. Quand le professeur s’occupe d’eux, les autres sont laissés de côté. Résultat, il y a toujours une partie de la classe qui ne s’intéresse pas au cours. Il faut des classes spéciales pour les élèves en difficulté.

UN PROFESSEUR – Vous avez raison. La vie d’un professeur n’est pas toujours facile mais je ne suis pas d’accord avec votre solution. L’école est faite pour apprendre les maths, l’histoire, les sciences, les langues. Mais elle est aussi faite pour apprendre à vivre ensemble. Les élèves qui ont des difficultés viennent de familles qui ont des problèmes (le chômage, la pauvreté, un divorce…). Vous ne devez pas les couper des autres. Quand nous aurons quinze élèves dans nos classes, nous pourrons passer plus de temps avec eux.

UN PARENT – Il y aura toujours des différences entre les bons et les moins bons. Les programmes sont les mêmes pour tous. Certains apprendront très vite. D’autres ne réussiront pas.

LE PROFESSEUR – Chacun doit pouvoir avancer à son rythme. Je suis sûr que les nouvelles technologies nous apporteront des solutions. Dans dix ans peut-être, l’école sera différente. Chaque élève sera devant un ordinateur. Le professeur sera là, bien sûr. Il animera le groupe et donnera des conseils à chacun. Et il y aura moins de problèmes. Quand on s’occupe d’un élève en difficulté, il vous respecte.

UN PARENT – Mais cela va coûter très cher !

LE PROFESSEUR – Pour les trois années de lycée, notre région dépense 500€ par élève pour payer les livres. C’est le prix d’un ordinateur.

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B1 – Intermediário 1

Paris et sa banlieue

L’agglomération parisienne vue par satellite. On distingue nettement l’expansion de l’urbanisation le long des vallées et grandes voies de communications.
Entre 1870 et 1940, la capitale de la France prend peu à peu un nouveau visage : Paris laisse place au « Grand Paris ». L’organisation administrative de Paris avait connu sous Napoléon III une adaptation à l’évolution démographique. Mais la ville est restée ensuite à peu de choses près enfermée dans l’enceinte de Thiers, soit ses limites de 1860, sans connaître de nouvelle évolution administrative. En effet, Paris, surpeuplée, est incapable de loger l’importante immigration provinciale. Les communes périphériques absorbent alors le trop plein de l’expansion démographique liée à l’exode rural et à la croissance économique de la ville. La notion contemporaine de la « banlieue » fait son apparition. Désormais, on parle moins de Paris que de la région parisienne. Jusqu’alors largement négligés, de nouveaux problèmes, comme celui des transports, apparaissent. En 1961, à la demande du Général de Gaulle, Paul Delouvrier planifie enfin l’évolution urbaine et élabore la construction de cinq villes nouvelles et du réseau de RER. Mais cette mutation majeure ne s’accompagne pas de la création d’une autorité unique, voyant au contraire les deux départements de la région parisienne (la Seine et la Seine-et-Oise) en constituer sept qui, s’ils sont plus proches des habitants, dispersent également les ressources fiscales et les compétences politiques. Tandis que la population de la ville de Paris stagne, celle de la banlieue s’accroît sans discontinuer depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à totaliser au XXIe siècle près de 80% de la population du grand Paris. Beaux quartiers et « quartiers sensibles »
La géographie sociale de l’agglomération parisienne s’est calquée sur les grandes tendances de la ville dans ses limites intra-muros dessinées durant le XIXe siècle : les classes aisées se retrouvent à l’ouest et au sud-ouest et les plus populaires au nord-est. Les autres secteurs sont peuplés de classes moyennes, avec cependant des variations liées à la géographie et à l’histoire des communes. Le chômage et l’augmentation de la pauvreté qui ont suivi les « Trente glorieuses » ont contribué à accentuer la dichotomie sociale entre les secteurs et à renforcer la ghettoïsation. Les grands ensembles, édifiés durant les années 1960 et 1970 afin de loger rapidement et à bas coût une population en rapide expansion, sont devenus un symbole de cette ghettoïsation. Une certaine mixité sociale y existe à l’origine, mais l’accession à la propriété (ouverte aux classes moyennes à partir des années 1970), leur piètre qualité de construction et leur mauvaise insertion dans le tissu urbain ont contribué à les faire déserter par ceux qui le pouvaient et à n’y laisser qu’une population essentiellement constituée d’ouvriers et d’employés : la proportion d’immigrés pauvres y est très forte.
L’intensification de la crise économique entraîne une accélération de la paupérisation qui développe la délinquance et l’insécurité, ce qui aggrave encore la marginalisation des quartiers et villes concernés. On trouve des quartiers sensibles dans les 18e et 19e arrondissements. En banlieue nord de Paris, ces quartiers sont essentiellement concentrés dans une grande partie du département de la Seine-SaintDenis et dans une moindre mesure à l’est du Val-d’Oise.

D’autres, plus épars, se trouvent par exemple dans la vallée de la Seine, en amont à Évry et CorbeilEssonnes (dans le département de l’Essonne), aux Mureaux et Mantes-la-Jolie (dans le département des Yvelines) ou encore dans les villes nouvelles. La sectorisation sociale n’est cependant pas une spécificité parisienne ; elle est observée dans toutes les grandes agglomérations de France et du monde occidental car liée à l’évolution générale, aux choix économiques et sociaux.
Le 27 octobre 2005, deux jeunes, poursuivis par la police, décèdent à Clichy-sous-Bois en Seine-SaintDenis. Cet évènement déclenche des émeutes spectaculaires qui se propagent rapidement dans de nombreuses banlieues pauvres à travers le pays. Les violences urbaines concernent peu les centresvilles. Ces troubles, relayés par les médias de nombreux pays, montrent alors l’état de ghettoïsation ethnique et sociale de nombreux quartiers et l’incapacité des pouvoirs politiques à faire face à l’échec de l’intégration d’une importante partie de la population française.

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B2 – intermediário 2

Notre cerveau et la durée de la vie

En Ecosse, en 1932, plusieurs dizaines de milliers d’écoliers nés en 1921 – donc alors âgés de onze ans –
avaient subi un test de QI (quotient d’intelligence). C’était pour l’époque une initiative d’avant-garde, mais
les résultats de l’opération ont vite été oubliés, ainsi que les tas de papiers correspondants, abandonnés
dans un grenier, où – bingo! – Ian Deary, psychologue de l’université d’Edimbourg, devait les retrouver près
de soixante ans plus tard. À partir de 1992, ce spécialiste a réuni les survivants, dans les salles mêmes où
ils avaient passé le test, et les a priés de recommencer.

Qu’a-t-on constaté? Notamment deux choses: 1) Dans l’ensemble, ces septuagénaires réussissaient l’épreuve aussi bien, voire légèrement mieux que dans leur prime enfance; 2) Et surtout, il y avait en moyenne beaucoup plus de survivants parmi les détenteurs de forts QI. La corrélation était particulièrement marquée chez les femmes, ce qui, selon Ian Deary, s’expliquerait par le fait que la guerre aurait causé la disparition de nombreux hommes.

Cette étude écossaise a été présentée en octobre dernier à Paris, lors d’un séminaire «Cerveau et la durée de la vie» qui réunissait les meilleurs spécialistes internationaux. Ils viennent de dévoiler les principales conclusions. En gros: statistiquement, le moins intelligent ou le moins éduqué meurt plus tôt. Il est plus souvent victime d’une démence tardive type alzheimer, du cancer de l’estomac ou du poumon, voire du sida. En même temps, on observe avec étonnement que les personnes au QI élevé ont une plus forte consommation moyenne d’alcool et de nicotine. Pourtant, eux, ils sont mieux placés en principe pour en évaluer les risques.

Ce lien apparent entre l’intelligence et la longue durée de vie peut paraître légèrement faux: les individus à fort QI jouissent généralement d’un statut social plus important, qui leur permet de mieux se soigner, et d’échapper aux métiers pénibles, usants, dangereux – à l’exception des métiers guerriers. De toute façon, cela ne fait que confirmer l’intérêt d’une éducation poussée.

Le séminaire parisien a mis en évidence une autre relation fondamentale entre le cerveau et la longévité: celle de la taille du cerveau. Bien sûr, il ne s’agit pas de rechercher des différences entre les individus d’une même espèce, comme les humains. Il s’agit de constater que, parmi les espèces vivantes, celles qui vivent le plus longtemps sont celles qui possèdent les plus gros cerveaux. Ainsi, le cerveau humain est-il trois ou quatre fois plus volumineux que celui des grands singes supérieurs, lesquels vivent deux ou trois fois moins longtemps. Mais grâce à leurs cerveaux déjà relativement volumineux et complexes, les singes ont atteint un niveau d’intelligence qui leur a permis d’accéder plus facilement à des sources de nourriture variées, et à coopérer au sein de groupes familiaux dans lesquels les vieux éduquent les jeunes.
C’est que la construction d’un cerveau, sa «programmation» avec de multiples connaissances et expériences, repose sur un processus long et complexe. Il s’agit d’un investissement biologique très important, qui doit être durable. Chez les grands singes, on a besoin des aînés même quand ceux-ci ont passé l’âge de se reproduire, car leur cerveau est une mine d’informations très précieuse, ce qui est encore plus vrai chez les humains. Tout cela constitue une rupture radicale avec cette loi cruelle de la nature: seule compte la transmission des gènes, et quand on s’est reproduit, il ne reste plus qu’à mourir.

Donc, en principe, les humains doivent avoir une vie très longue, pour que les descendants puissent profiter de toute l’information accumulée par les ancêtres lointains. Voici la bonne nouvelle du séminaire: nous sommes faits pour vivre le plus longtemps possible! Le nombre croissant de centenaires, au moins dans tous les pays développés, confirme ce point de vue. Rien n’interdit d’imaginer que nos très lointains descendants pourraient vivre facilement deux siècles…
En attendant, la grande inquiétude est celle des maladies du vieillissement, alzheimer en tête. Elles semblent se multiplier, au point qu’on les pense inévitables. Or, les travaux des neurogérontologues montrent que, depuis des millénaires, l’évolution génétique intervient pour retarder l’âge d’apparition de la démence sénile. Aujourd’hui, dans les laboratoires de recherches, on «donne un coup de main» à l’évolution; l’on commence à parler sérieusement d’un espoir de «vaccination» contre la maladie d’Alzheimer – avec des résultats encourageants obtenus chez les souris. Des études prouvent que la démence sénile n’a rien d’inévitable, même à un âge très avancé.

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C1 e C2 – avançado 1 e avançado 2

Emma descendit la première, puis Félicité, M. Lheureux, une nourrice, et l’on fut obligé de réveiller Charles dans son coin, où il s’était endormi complètement dès que la nuit était venue.
Homais se présenta ; il offrit ses hommages à Madame, ses civilités à Monsieur, dit qu’il était charmé d’avoir pu leur rendre quelque service, et ajouta d’un air cordial qu’il avait osé s’inviter luimême, sa femme d’ailleurs étant absente. Madame Bovary, quand elle fut dans la cuisine, s’approcha de la cheminée. Du bout de ses deux doigts, elle prit sa robe à la hauteur du genou, et, l’ayant ainsi remontée jusqu’aux chevilles, elle tendit à la flamme, par-dessus le
gigot qui tournait, son pied chaussé d’une bottine noire. Le feu l’éclairait en entier, pénétrant d’une lumière crue la trame de sa robe, les pores égaux de sa peau blanche et même les paupières de ses yeux qu’elle clignait de temps à autre. Une grande couleur rouge passait sur elle, selon le souffle du vent qui venait par la porte entr’ouverte. De l’autre côté de la cheminée, un jeune homme à chevelure blonde la regardait silencieusement. Comme il s’ennuyait beaucoup à Yonville, où il était clerc chez maître Guillaumin, souvent M. Léon Dupuis (c’était lui, le second habitué du Lion d’or) reculait l’instant de son repas, espérant qu’il viendrait quelque voyageur à l’auberge avec qui causer dans la soirée. Les jours que sa besogne était finie, il lui fallait bien, faute de savoir que faire, arriver à l’heure exacte, et subir depuis la soupe jusqu’au fromage le tête-à-tête de Binet. Ce fut donc avec joie qu’il accepta la proposition de l’hôtesse de dîner en la compagnie des nouveaux venus, et l’on passa dans la grande salle, où madame Lefrançois, par pompe, avait fait dresser les quatre couverts. Homais demanda la permission de garder son bonnet grec, de peur des coryzas. Puis, se tournant vers sa voisine :

– Madame, sans doute, est un peu lasse ? on est si épouvantablement cahoté dans notre
Hirondelle !
– Il est vrai, répondit Emma ; mais le dérangement m’amuse toujours ; j’aime à changer de place.
– C’est une chose si maussade, soupira le clerc, que de vivre cloué aux mêmes endroits !
– Si vous étiez comme moi, dit Charles, sans cesse obligé d’être à cheval…
– Mais, reprit Léon s’adressant à madame Bovary, rien n’est plus agréable, il me semble ; quand on le peut, ajouta-t-il.
– Du reste, disait l’apothicaire, l’exercice de la médecine n’est pas fort pénible en nos contrées ; car l’état de nos routes permet l’usage du cabriolet, et, généralement, l’on paye assez bien, les cultivateurs étant aisés. Nous avons, sous le rapport médical, à part les cas ordinaires d’entérite, bronchite, affections bilieuses, etc., de temps à autre quelques fièvres intermittentes à la moisson, mais, en somme, peu de choses graves, rien de spécial à noter, si ce n’est beaucoup d’humeurs froides, et qui tiennent sans doute aux déplorables conditions hygiéniques de nos logements de paysan. Ah ! vous trouverez bien des préjugés à combattre, monsieur Bovary ; bien des entêtements de la routine, où se heurteront quotidiennement tous les efforts de votre science ; car on a recours encore aux neuvaines, aux reliques, au curé, plutôt que de venir naturellement chez le médecin ou chez le pharmacien. Le climat, pourtant, n’est point, à vrai dire, mauvais, et même nous comptons dans la commune quelques nonagénaires.

Le thermomètre (j’en ai fait les observations) descend en hiver jusqu’à quatre degrés, et, dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingtquatre Réaumur au maximum, ou autrement
cinquante-quatre Fahrenheit (mesure anglaise), pas davantage ! – et, en effet, nous sommes abrités des vents du nord par la forêt d’Argueil d’une part, des vents d’ouest par la côte Sa Jean de l’autre ; et cette chaleur, cependant, qui à cause de la vapeur d’eau dégagée par la rivière et la présence considérable de bestiaux dans les prairies, lesquels exhalent, comme vous savez, beaucoup d’ammoniaque, c’est-à-dire azote, hydrogène et oxygène (non, azote et hydrogène seulement), et qui, pompant à elle l’humus de la terre, confondant toutes ces émanations différentes, les réunissant en un faisceau, pour ainsi dire, et se combinant de soi-même avec l’électricité répandue dans l’atmosphère, lorsqu’il y en a, pourrait à la longue, comme dans les pays tropicaux, engendrer des miasmes insalubres ; – cette chaleur, dis-je, se trouve justement tempérée du côté où elle vient, ou plutôt d’où elle viendrait, c’est-à-dire du côté sud, par les vents de sud-est, lesquels, s’étant rafraîchis d’euxmêmes en passant sur la Seine, nous arrivent quelquefois tout d’un coup, comme des brises de Russie !
– Avez-vous du moins quelques promenades dans les environs ? continuait madame Bovary parlant au jeune homme.
– Oh ! fort peu, répondit-il. Il y a un endroit que l’on nomme la Pâture, sur le haut de la côte, à la lisière de la forêt. Quelquefois, le dimanche, je vais là, et j’y reste avec un livre, à regarder le soleil couchant.
– Je ne trouve rien d’admirable comme les soleils couchants, reprit-elle, mais au bord de la mer, surtout.
– Oh ! j’adore la mer, dit M. Léon.
– Et puis ne vous semble-t-il pas, répliqua madame Bovary, que l’esprit vogue plus librement sur cette étendue sans limites, dont la contemplation vous élève l’âme et donne des idées d’infini, d’idéal ?
– Il en est de même des paysages de montagnes, reprit Léon. J’ai un cousin qui a voyagé en Suisse l’année dernière, et qui me disait qu’on ne peut se figurer la poésie des lacs, le charme des cascades, l’effet gigantesque des glaciers. On voit des pins d’une grandeur incroyable, en travers des torrents, des cabanes suspendues sur des précipices, et, à mille pieds sous vous, des vallées entières, quand les n s’entr’ouvrent. Ces spectacles doivent enthousiasmer, disposer à la prière, à l’extase ! Aussi je ne m’étonne plus de ce musicien célèbre qui, pour exciter mieux son imagination, avait coutume d’aller jouer du piano devant quelque site imposant.
– Vous faites de la musique ? demanda-t-elle.
– Non, mais je l’aime beaucoup, répondit-il.
– Ah ! ne l’écoutez pas, madame Bovary, interrompit Homais en se penchant sur son assiette, c’est modestie pure. Comment, mon cher ! Eh ! l’autre jour, dans votre chambre, vous chantiez l’Ange gardien à ravir. Je vous entendais du laboratoire ; vous détachiez cela comme un acteur.

Léon, en effet, logeait chez le pharmacien, où il avait une petite pièce au second étage, sur la place. Il rougit à ce compliment de son propriétaire, qui déjà s’était tourné vers le médecin et lui énumérait les uns après les autres
les principaux habitants d’Yonville. Il racontait des anecdotes, donnait des renseignements ; on ne savait pas au juste la fortune du notaire, et il y avait la maison Tuvache qui faisait beaucoup d’embarras.
Emma reprit :

– Et quelle musique préférez-vous ?
– Oh ! la musique allemande, celle qui porte à rêver.
– Connaissez-vous les Italiens ?
– Pas encore ; mais je les verrai l’année prochaine, quand j’irai habiter Paris, pour finir mon droit.
– C’est comme j’avais l’honneur, dit le pharmacien, de l’exprimer à M. votre époux, à propos de ce pauvre Yanoda qui s’est enfui ; vous vous trouverez, grâce aux folies qu’il a faites, jouir d’une des maisons les plus confortables d’Yonville. Ce qu’elle a principalement de commode pour un médecin, c’est une porte sur l’Allée, qui permet d’entrer et de sortir sans être vu. D’ailleurs, elle est fournie de tout ce qui est agréable à un ménage : buanderie, cuisine avec office, salon de famille, fruitier, etc. C’était un gaillard qui n’y regardait pas ! Il s’était fait construire, au bout du jardin, à côté de l’eau, une tonnelle tout exprès pour boire de la bière en été, et si Madame aime le jardinage, elle pourra…

– Ma femme ne s’en occupe guère, dit Charles ; elle aime mieux, quoiqu’on lui recommande l’exercice, toujours rester dans sa chambre, à lire.
– C’est comme moi, répliqua Léon ; quelle meilleure chose, en effet, que d’être le soir au coin du feu avec un livre, pendant que le vent bat les carreaux, que la lampe brûle ?…
– N’est-ce pas ? dit-elle, en fixant sur lui ses grands yeux noirs tout ouverts.
– On ne songe à rien, continuait-il, les heures passent. On se promène immobile dans des pays que l’on croit voir, et votre pensée, s’enlaçant à la fiction, se joue dans les détails ou poursuit le contour des aventures. Elle se mêle aux
personnages ; il semble que c’est vous qui palpitez sous leurs costumes.
– C’est vrai ! c’est vrai ! disait-elle.
– Vous est-il arrivé parfois, reprit Léon, de rencontrer dans un livre une idée vague que l’on a eue, quelque image obscurcie qui revient de loin, et comme l’exposition entière de votre sentiment le plus délié ?
– J’ai éprouvé cela, répondit-elle.
– C’est pourquoi, dit-il, j’aime surtout les poètes. Je trouve les vers plus tendres que la prose, et qu’ils font bien mieux pleurer.
– Cependant ils fatiguent à la longue, reprit Emma ; et maintenant, au contraire, j’adore les histoires qui se suivent tout d’une haleine, où l’on a peur. Je déteste les héros communs et les sentiments tempérés, comme il y en a dans la
nature.
– En effet, observa le clerc, ces ouvrages ne touchant pas le cœur, s’écartent, il me semble, du vrai but de l’Art. Il est si doux, parmi les désenchantements de la vie, de pouvoir se reporter en idée sur de nobles caractères, des affections pures et des tableaux de bonheur. Quant à moi, vivant ici, loin du monde, c’est ma seule distraction ; mais Yonville offre si peu de ressources !
– Comme Tostes, sans doute, reprit Emma ; aussi j’étais toujours abonnée à un cabinet de lecture.
– Si Madame veut me faire l’honneur d’en user, dit le pharmacien, qui venait d’entendre ces derniers mots, j’ai moi-même à sa disposition une bibliothèque composée des meilleurs auteurs : Voltaire, Rousseau, Delille, Walter Scott, l’Écho des feuilletons, etc., et je reçois, de plus, différentes feuilles périodiques, parmi lesquelles le Fanal de Rouen,  quotidiennement, ayant l’avantage d’en être le correspondant pour les circonscriptions de Buchy, Forges, Neufchâtel, Yonville et les alentours.

Depuis deux heures et demie, on était à table ; car la servante Artémise, traînant nonchalamment sur les carreaux ses savates de lisière, apportait les assiettes les unes après les autres, oubliait tout, n’entendait à rien et sans cesse laissait entrebâillée la porte du billard, qui battait contre le mur, du bout de sa clanche. Sans qu’il s’en aperçût, tout en causant, Léon avait posé son pied sur un des barreaux de la chaise où madame Bovary était assise. Elle portait une petite cravate de soie bleue, qui tenait droit comme une fraise un col de batiste tuyauté ; et, selon les mouvements de tête qu’elle faisait, le bas de son visage s’enfonçait dans le linge ou en sortait avec douceur. C’est ainsi, l’un près de l’autre, pendant que Charles et le pharmacien devisaient, qu’ils entrèrent dans une de ces vagues conversations où le hasard des phrases vous ramène toujours au centre fixe d’une sympathie commune. Spectacles de Paris, titres de romans, quadrilles nouveaux, et le monde qu’ils ne connaissaient pas, Tostes où elle avait vécu, Yonville où ils étaient, ils examinèrent tout, parlèrent de tout jusqu’à la fin du dîner. Quand le café fut servi, Félicité s’en alla préparer la chambre dans la nouvelle maison, et les convives bientôt levèrent le siège. Madame Lefrançois dormait auprès des cendres, tandis que le garçon d’écurie, une lanterne à la main, attendait M. et madame Bovary pour les conduire chez eux. Sa chevelure rouge était entremêlée de brins de paille, et il boitait de la jambe gauche. Lorsqu’il eut pris de son autre main le parapluie de M. le curé, l’on se mit en marche. Le bourg était endormi. Les piliers des halles allongeaient de grandes ombres. La terre était toute grise, comme par une nuit d’été. Mais, la maison du médecin se trouvant à cinquante pas de l’auberge, il fallut presque aussitôt se souhaiter le bonsoir, et la compagnie se dispersa.

Emma, dès le vestibule, sentit tomber sur ses épaules, comme un linge humide, le froid du plâtre. Les murs étaient neufs, et les marches de bois craquèrent. Dans la chambre, au premier, un jour blanchâtre passait par les fenêtres sans rideaux. On entrevoyait des cimes d’arbres, et plus loin la prairie, à demi noyée dans le brouillard, qui fumait au clair de la lune, selon le cours de la rivière. Au milieu de l’appartement, pêle-mêle, il y avait des tiroirs de commode, des bouteilles, des tringles, des bâtons dorés avec des matelas sur des chaises et des cuvettes sur le parquet, les deux hommes qui avaient apporté les meubles ayant tout laissé là, négligemment.

C’était la quatrième fois qu’elle couchait dans un endroit inconnu. La première avait été le jour de son entrée au couvent, la seconde celle de son arrivée à Tostes, la troisième à la Vaubyessard, la quatrième était celle-ci ; et chacune s’était trouvée faire dans sa vie comme l’inauguration d’une phase nouvelle. Elle ne croyait pas que les choses pussent se représenter les mêmes à des places différentes, et, puisque la portion vécue avait été mauvaise, sans doute ce qui restait à consommer serait meilleur.

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